L’art sous toutes ses formes, Angèle Renard, y dépeint son combat pour l’inclusivité

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Robson

Angèle nous livre sa lutte contre les préjugés sur le handicap dans le monde culturel. Son parcours, son message d’espoir et son éternel positivisme. Rencontre.

Personne haute en couleur, Picon Paillettes, de son vrai nom Angèle, 33 ans, dégage une énergie naturelle bienveillante et chaleureuse. Des paillettes sur les paupières à toute heure de la journée, un pantalon à frange bleu azur et une veste molletonnée multicolore, son apparence extravagante lui donne une allure confiante. Oui, car son apparence, c’est aussi son combat : “Je parle du handicap visible et invisible en société, de la différence et des préjugés sur l’apparence, que ce n’est pas un défaut dans le milieu professionnel”, précise-t-elle.

L'art sous toutes ses formes

Vice-présidente de Freeform (dispositif d'appui aux jeunes), organisatrice de soirées, bookeuse de NarSix Live, modèle photo, réalisatrice et performeuse, Angèle est une passionnée de “l’art sous toutes ses formes” et c’est par ce biais qu’elle sensibilise aux problèmes liés au handicap : “Ce que je veux, c’est faire changer le regard là-dessus, nous avons peur du regard des autres et on ne se sent pas légitimes de montrer notre carte handicap pour passer devant une file d’attente par exemple, alors que c’est indispensable pour certains handicaps”, explique Angèle.

Explosez votre folie

C’est pourquoi la jeune femme a créé un mouvement avec ses ami.es, deux ans auparavant : “aller tous vous faire autrucher”. Le but ? S’habiller de façon loufoque et coloré pour détonner de la masse tout en exécutant des tâches du quotidien, comme faire ses courses, aller au musée… : “On veut déconstruire l’apparence à travers le vêtement. On est costumé pour sortir du lot, c’est chouette ! Les gens sont trop contents, ça leur rappelle leur enfance. Puis on fait la position de l’autruche devant eux, en levant les bras en l’air et on fait le signe du majeur”.

Cette position et ces costumes ne sont pas là seulement pour faire rire, mais c’est également une thérapie et un combat contre le jugement : “Ce mouvement m’a aidé a être bien dans mon corps et dans ma tête. J’essayais de rentrer dans le moule, mais impossible. Le fait d’accentuer ma différence dû à mon handicap (perte d’équilibre et mauvaise allocution) ravie les gens et ils m’en remercient”, dit-elle émue.

On veut déconstruire l’apparence à travers le vêtement

En effet, à l’âge de deux ans, Angèle est diagnostiquée d’une maladie moteur qui la paralyse suite à la rougeole. Après une batterie de test, les médecins sont pessimistes quant à son état. Mais la rage au ventre, Angèle se met à marcher à nouveau à sept ans : “Aujourd’hui, j’ai des séquelles, mais tout est une victoire des choses que je n’arrivais pas à faire. Il faut se battre parce que ce n’est pas facile, de ne pas être prise au sérieux, c’est très dur pour moi. La plupart du temps, on pense que je suis ivre. Mais chacun de nous doit se poser la question du handicap au lieu de fabuler. Les gens valides ne se rendent pas compte que ce n’est pas insultant de demander. Ce n’est pas une insulte d’être handicapé”, affirme-t-elle.

Handicap visible et invisible :

Quelque 7,7 millions de personnes de plus de 15 ans sont en situation de handicap, soit 14,1 % de la population française dans cette catégorie d’âge, selon la DREES en 2021. Pourtant, le tabou autour de ce sujet qui touche une partie importante de la population reste présent.

Et le domaine de la fête n’en est pas épargné : “Chaque orga’ doit avoir une sensibilisation à tous les handicaps, visibles et invisibles. Il faut en parler et organiser des alternatives ensembles pour inclure tout le monde. Tous les événements ne peuvent pas accueillir tous les handicaps, mais s’il y a de la volonté, il y a des solutions. Par exemple, apprendre la langue des signes de base aux bénévoles ou encore laisser l’accès PMR que pour les PMR, pareil pour les toilettes”, énumère Angèle.

La prochaine soirée qu’Angèle organise aura lieu le samedi 27 janvier au Karma Club sur le thème “Fluorescence dans tous les sens” et le vendredi 2 février à l’Engrenage sur le thème “cuir et paillette”.

Infos pratiques

Son premier court métrage “Prenez soin de votre folie

Son deuxième court métrage “Allez tous vous faire autrucher

Son texte mis en musique

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