Faune Locale : Cloud François

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Notidee

Arrivé sur Toulouse au milieu d’une pandémie mondiale, ce qui lui manque le plus à Notidee, c’est les gens. Il vous invite à le suivre tout au long de sa découverte de la faune nocturne locale à travers l’interview d’énergumènes en tous genres.

”Tu peux m'appeler Cloud François. J'essaye de ne pas trop laisser de traces en ligne.

Enroulé dans un plaid noir tâché de blanc, François évite de me regarder dans les yeux. Il fronce les sourcils lorsque je lui demande de se présenter.
Je fais beaucoup d'informatique dans ma vie.

Plus de précisions ? Il soupire.
Je suis comme un artiste, mais qui ne fait pas d'art.

 Le regard collé sur la table, il rassemble ses pensées.
Je suis un informaticien électron libre, qui a la chance de vivre dans la plus belle région de France.

Il rigole.
J'ai grandi dans la musique, avant même d'être né, en fait. Ma mère me faisait écouter du Mozart alors que je n'existais, vaguement pas.

Nos regards se croisent pour la première fois
Je fais aussi du vélo, je nage, je vais voir des potes.. Tout ça quoi.


Une pause. Le script sous les yeux, je lui demande quelle est sa définition de la techno. Il n'en est rien, le regard de François est à nouveau rivé sur la table. Il bifurque :
J'ai une autre réponse à une autre question que tu n'as pas encore posée.

Il lève les yeux, au plafond cette fois.
La techno, c'est un peu la musique qu'on écoute sans l'avouer.

La moue.
Si tu veux une définition du genre, va écouter techno toujours pareil de salut c'est cool.

Je fais la moue à mon tour. Un morceau trop entendu, trop souvent, à trop d'endroits différents.
C'est une chanson auto-contenue, qui tourne le principe en dérision tout en l'expliquant à merveille.


Il se redresse sur sa chaise et semble s'engager dans l'échange pour la première fois.
La techno, ça a été mes premiers CD-roms. La compilation Atomic Techno. Je les ai écouté en long, en large et en travers. Je me souviens l'avoir acheté parce qu'il y avait le symbole radio-actif dessus. Si j'avais su que c'était pas métaphorique...

Il précise que c’est trop méchant. Qu’il ne faut pas mettre ça dans l’interview.
J'aimerais bien la voir moi, cette compilation.
Pas possible. Ils sont cachés derrière ma vieille chaîne hi-fi chez mes parents. Un peu comme des revues porno qu'on ne veut pas posséder, mais qu'on veut quand même garder sous la main. Aujourd'hui, je n'assume absolument pas cette période musicale.

Et c'est comme ça qu'il a découvert le genre ?
J'avais huit ans. On n'existe pas musicalement à cet âge. On écoute la radio quoi.


Il s'ajuste, joue appuyée sur sa main gauche.
On avait pas vraiment internet à l'époque. Youtube, Daylimotion, tout ça.. C'était un genre caché, ça y passait pas, à la radio. Musicalement, j'étais un disque vierge.

Les épaules se soulèvent pour retomber lâchement.
La techno, c'est le premier genre qui s'est installé dans ma tête.. Et dans la compilation, il y avait des morceaux estampillés “trance”. Un peu comme s' ils étaient à part. J’ai trouvé ce que je pouvais sur le genre après ça.


Et après cette période alors ? Il a écouté quoi, François ?
La musique c'est pas vraiment linéaire. Tu écoutes pas un album à la fois.

Il hausse les épaules une fois de plus.
Après la techno, j'ai découvert le métal, notamment avec Manson.. Que j'ai connu via un t-shirt. C'était un peu les panneaux publicitaires de l'époque pour la musique. Ensuite j'ai écouté pas mal de rock progressif, supertramp, pink floyd, etc. Puis je me suis à nouveau rapproché du monde de l'Electro avec la French Touch : Justice, Daft Punk, les classiques. La House aussi, avec Deadmau5. En parallèle, j'ai découvert Kraftwerk.

Et il en dit quoi François, de Kraftwerk ?

Il y aura toujours quelqu'un pour dire le contraire, mais avant eux, électroniquement.. Y'avait rien.


Je lui demande s' il a un morceau en particulier à nous recommander dans le genre. François joue à nouveau selon ses propres règles :
Igorrr, Unpleasant sonata. C'est pas vraiment de la techno, mais il emprunte au genre.

Je souris. Un de mes musiciens préférés à moi aussi.
Igorrr, je l'ai découvert sur internet. Tu pourrais arracher les rayons et la tapisserie à la Fnac que tu ne le trouverais pas.. sauf peut-être ses derniers albums, qui ont mérité leur place au rayon electro.

Un petit aparté sur l'artiste, alors :
On n’en trouve pas beaucoup des gens qui aiment au premier contact.. Souvent il y a d'abord un rejet, un peu comme une espèce de maladie, il y a une phase d'incubation. Puis ils ré-écoutent, et parfois, ils apprécient.


Encore beaucoup à dire, et au moins tout autant à entendre, mais la montre n’est pas généreuse et il est presque temps de se séparer. C'est quoi pour François le mot de la fin ?
Être incapable d'apprécier la techno est un des symptômes principaux de la chiantise. C'est un des genres qui te permet de faire un tri dans ton entourage. Même le fond de la poubelle est buvable quand tu as une deadline chiante à rusher à trois heures du matin. C'est un peu le chant militaire du vingt-et-unième siècle.””

Les cinq recos de François : 

  • Infected Mushroom (Qui nous a fait choisir des cours d’hébreux à la fac.)
  • Le Wanski (Dont le top titre sur spotify s’appelle Tarte à la Myrtille. On approuve.)
  • Speedfire (On s’est perdu dans le fond des internets en cherchant à trouver plus d’un morceau)
  • Astrix (Qu'on aura écouté en écrivant cet article)
  • Shpongle (C’est mélancolique ou c’est barré. Un peu des deux, parfois.)

(Et si tu devenais la prochaine interview Faune Locale ?
Si l’electro occupe plus d’un iota dans ta vie et que toi aussi il t’arrive de raser les murs de la ville rose après le coucher du soleil, tu peux envoyer un petit mail à
notidee@gmail.com.)

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