A l’occasion de cet événement, nous nous sommes interrogés sur la sobriété en soirée en récoltant des témoignages de personnes sobres.
Cocktails sans alcool, boissons softs DJ set endiablé d’Eliott des Adelphes, c’est jeudi 2 novembre à 21 heures qu’une soirée sans alcool aura lieu au bar LGBTQIA+ et militant toulousain : la Gougnotte.
L’idée vient alors à Marion Luc 26 ans et Constance Charvis 29 ans, lors d’un échange avec un ami, sobre d'une soirée sans alcool à la Mutinerie, bar LGBTQIA+ et militant de Paris. Pour Marion et Constance, gérantes de la Gougnotte, la question de prendre leur responsabilités en tant qu'établissement vendant de l'alcool se pose, lorsque les moments de sobriété sont souvent relégués à des activités calmes : “On sait que dans la commu', les consos d'alcool et de produits sont quand même pas mal répandues, et ça peut être compliqué de se sentir safe (NDLR : en sécurité) pour les personnes qui consomment moins, plus ou pas du tout".
Les deux jeunes femmes ont également envie de constater ce que la fête sobre donnera en termes d'occupation de l'espace, de respect des limites, mais aussi de lâcher prise et de fun pour les personnes en dehors de la consommation.
À l’occasion de cet évènement, des questionnements se sont soulevés. Dans une société où la pression sociale autour de l’alcool fait rage, comment se passe la fête sobre ?
Pour Alma Garcia 28 ans, la fête sobre a été une véritable libération, cependant elle a pu parfois se sentir jugé si elle ne buvait pas d’alcool, comme certains qui lui demandent si “elle était enceinte” : “ Tu te sens moins amusante ou très “responsable” et ça peut être dérangeant parfois de devoir donner des explications”. Lorsque Alma ne boit pas, elle se sent en décalage avec ceux qui ont consommé et évoque “ ce décalage qu'il y a entre ta [leur] réalité et celles des autres personnes qui ont pris quelque chose".
Si je n'ai pas envie [de boire], ça parait étrange
Quant à Esther Gillet 21 ans, qui ne passera sa soirée qu’à boire des softs, suscitera chez certain.e.s des questionnements, faisant paraître cela comme bizarre et anormal : “ Les gens ne pensent pas au fait qu’on peut avoir envie d’être sobre, que ça ne nous intéresse pas de boire ou d’être dans un autre état. La plupart du temps on pense que c’est par rapport à une addiction, il faut trouver une raison. Si je n’ai pas envie, ça parait étrange”.
Bien que la pression sociale soit très présente dans nos soirées, certaines personnes s’amusent tout aussi bien sans alcool et trouvent à la sobriété ses bénéfices.
À 28 ans, Lola Marcia préfère ne pas boire pour pouvoir rentrer avec "toute sa conscience". C'est pouvoir avoir une nuit pleinement reposante et réparatrice après l’amusement. C'est se réveiller fraîche ou frais le lendemain, sans gueule de bois. C’est également pouvoir mieux veiller sur soi et sur ses ami.es. Pour elle, le "sans alcool" permet de prendre des décisions de façon différente et de mieux s'entendre : “La fête sobre m'a permis de retrouver mon euphorie naturelle quand je suis dans une salle de concert ou un club et que je danse sur des musiques que j'aime".
Ça augmente mon amour envers moi-même
Chez Esther Gillet 21 ans, la sobriété crée une forme de pouvoir de contrôle de soi, d’être dans des états énergisants sans alcool ni autre substance : "Ça augmente mon amour envers moi-même, je me dis que c’est génial de m’écouter, mes limites et mon corps tout en m’amusant”.
Cependant, toutes les personnes qui ont témoigné tiennent à préciser un point important : celui du non-jugement de ce que font celles et ceux qui ne sont pas sobres.
Ce que souhaiterait Coco Mellier 26 ans, ce serait plus de soirées sobres et d’arrêter le shaming (NDLR : la honte) sur les personnes sobres car on n’en connaît pas la raison. Cependant : "Je ne shame absolument pas les gens qui boivent en soirée et/ou qui ont des addictions. Jamais de la vie !” .
Karen Moreau, 33 ans, a déjà parlé de l’addiction comme sujet avec ses ami.e.s, habitué.e.s à consommer de l'alcool. Karen nous témoigne qu’iels ont tendance parfois à éviter les personnes sobres passé une certaine heure et un certain degré d'alcoolémie, car cela peut leur faire un "effet miroir" de leur propre rapport à l'alcool : "Je fais toujours hyper gaffe à justement ne pas renvoyer à ces personnes un quelconque truc qui pourrait leur faire sentir du jugement parce que je sais que tout le monde a un rapport à l'alcool et aux drogues très différent”.
Je pense qu'il est grand temps pour moi de me laisser m'amuser
Le témoignage d’Ollie Chapman, 25 ans, est plus contrasté. Ollie n’a pas de terrain addictogène, mais a tout de même cette envie, ce besoin de consommer (alcool ou drogue) lors de soirée, par peur de manquer quelque chose. C’est ce qu’elle appelle la FOMO (Fear Of Missing Out) qu’elle caractérise par une petite voix qui lui dit : "Tu te souviens quand t’avais pris la dernière fois, tu te souviens comment c’était bien ? Comment ton anxiété s’est volatilisée ? Toutes les rencontres que tu as pu faire seulement parce que tu étais un toi sans tes problèmes ?".
Ollie nous témoigne qu’elle voit des gens autour d’elle sobre, qui s’amusent tout aussi bien, alors elle se dit : “Pourquoi pas essayer ? Je veux me montrer que ce dont on se souvient, dans un événement, ce sont les gens avec qui on était, ce pour quoi nous sommes venu.es de base. Pas la tartine qu’on s’est prise dans la gueule et les erreurs commises par ce biais. Je pense qu’il est grand temps pour moi de me laisser m’amuser, et de ne pas faire profiter uniquement l’autre moi".
Que vous consommiez ou pas, veillez sur vous-même comme sur les autres !
La fête sobre
Lieu : La Gougnotte, 18 Av. Etienne Billières, 31300 Toulouse
Jeudi 2 novembre à 21h
DJ set d'Eliott des Adelphes
Pas de vente d'alcool
Gratuit